La question linguistique au Québec

Je soutiens les objectifs de la loi 101, comme la très grande majorité des Québécois. Mais, pour faire court, il y a des effets pervers qui découlent de la situation actuelle – l’aliénation d’anglophones, et de certains allophones et francophones, ce qui a toutes sortes de conséquences négatives, et des atteintes à la réputation québécoise à l’international.  Il faut tenir compte aujourd’hui de la dynamique engendrée par la Loi 101 depuis plus de 38 ans maintenant, et la dynamique inhérente du capitalisme. Je crois qu’il est possible d’amenuiser les effets pervers en employant plus les crédits d’impôts et moins les amendes, qui sont, en tout cas, peu utiles quand le Québec a parfois tendance à laisser tomber les poursuites dans les cours supérieures, faisant un calcul coûts-bénéfices, et considérant que les cours ne la donnent pas toujours raison, et les conséquences d’une perte seraient plus dommeagables au cadre linguistique qu’une victoire contre un quelconque entreprise (ex:  Lion and the Walrus).  Mais étant donné la dynamique socio-linguistico-économique actuelle, il est possible, selon moi, tout en respectant les visées et l’esprit de la Loi 101, d’étendre son efficacité en incitant tous, mais bien sous-entendu, surtout les anglophones, allophones et autres, par des mesures plus incitatives que coercitives. Les problèmes de la coercition actuelle font en sorte que les récalcitrants sont, par refus psychologique et philosphique, plus difficiles à convaincre.

Longtemps j’ai gardé en tête une proposition permettant la réconciliation des communautés linguistiques au Québec, et par ce fait, l’épanouissement de la société québécoise, tout en respectant l’impératif de protéger et promouvoir le français. Étant donné l’élection en cours, il temps que j’en fais part (un peu comme ma proposition pour mieux coordonner les services aux pauvres). J’en ai beaucoup étudié la question linguistique à l’Université de Montréal, en plus de suivre le dossier d’assez près, comme tout Québécois. Les solutions dont je discuterai, j’en ai déjà parlé avec François Vaillancourt, dans le temps (je doute qu’il s’en souvienne, mais je le mentionne puisqu’il est bien connu pour ses études dans le domaine) et plusieurs professeurs et experts.

Il y a de graves questions de comment mieux protéger et promouvoir le français, mais selon moi, la gestion de la situation passe par une réflexion philosophique (encore une, au Québec:). Une bonne majorité des anglophones, bon nombre des allophones, et assez de francophones, s’opposent férocement à la législation linguistique en vigueur en ce moment, la jugeant trop coercitive. Mais ils vivent avec la législation, tant bien que mal. Or, leur mal avec le cadre législatif actuel est tel qu’il existe un fort sentiment d’aliénation au sein des opposants, en particulier parmi les anglophones, qui a d’énormes conséquences négatives pour le Québec tout entier  – sa cohésion sociale, la perte de jeunes bilingues et trilingues qui s’établissent ailleurs, pertes économiques, sa réputation à l’international, et autres.

Chez la majorité francophone, on a souvent remarqué une double pensée sur la question linguistique. Quand les francophones considèrent la question d’une angle collective, ils sont largement favorables au cadre linguistique actuel (et certains voudraient le rendre plus coriace), et plus il y a des tensions, plus ils se disent des supporteurs des dispositions coercitives. En contrepartie, quand ils abordent la question d’une perspective individuelle ou familiale, ils s’opposent aux contraintes sur la liberté individuelle.

Donc, quoique les dispositions actuelles sont largement acceptées dans la vie de tous les jours, le prix à payer c’est l’aliénation d’une bonne part de la population dont le Québec en a besoin, comme plusieurs l’ont constaté, notamment Lucien Bouchard dans son célèbre discours au Centaur, quand il fut Premier ministre.

Comment faire la protection et promotion optimales de la langue française au Québec? Est-ce que cela passe par les mesures coercitives actuelles, ou de plus en plus coercitives, mais qui sont ignorés par certains anglophones et autres, aliénés?

On commence à comprendre que le noeud du problème de la question linguistique demeure dans l’application de mesures ouvertement coercitives visant les fins légitimes de protéger et promouvoir la langue française, sans que, d’une perspective anglophone, cela devrait nécessairement impliquer la mise en péril du fait anglais au Québec.

Comment atteindre nos fins de protéger et promouvoir la langue française, sans aliéner les anglophones et autres, avec toutes les conséquences mentionnées?

Remarquez, le problème de services en français ne réside pas chez la majorité francophone, ou peu, mais chez les récalcitrants, surtout anglophones. La question à se poser c’est la suivante : est-ce que notre but est de, symboliquement, maintenir ou renforcer un cadre législatif largement perçu comme satisfaisant par la majorité et par cela, se réconforter, d’un point de vue nationaliste complaisante, ou de trouver une solution à une situation où les moyens actuellement employés ont des effets pervers et donc inefficaces, puisque le cadre actuel est jugé excessivement coercitif par la minorité qui trouverait donc toujours une manière de l’ignorer ou de le contourner?

La solution, selon moi, passe par le remplacement des mesures ouvertement coercitives par des mesures apparemment incitatives, mais dont l’effet serait, dans les faits, tout aussi coercitif, sinon plus, mais une coercition “soft”, invisible, et donc qui diminuerait grandement l’aliénation anglophone, renforcerait leur adhésion au cadre linguistique, leur sentiment d’appartenance au Québec avec tous les positifs prévisibles (réputation du Québec etc.).

L’idée de crédits d’impôts au lieu d’amendes n’est pas nouvelle, plusieurs administrations et penseurs ont jonglé avec ces questions, l’équilibre à atteindre, mais la proposition actuelle propose (ou rappelle, si d’autres, dans les brumes des temps l’ont déjà faits) un cadre incitatif complet, avec certains minimums bien sûr.

Actuellement, la législation linguistique prévoit, comme toute loi, des sanctions pour désobéissance, généralement financières. Si on éliminerait les amendes et que l’on proposerait au lieu des crédits d’impôts à toute entreprise qui atteindrait tel out tel niveau de services en français (les crédits pourraient s’échelonner selon les niveaux de services offerts), étant donné tous les efforts de francisation déjà faites depuis des années, il est fort probable qu’une infime part (si aucune) des entreprises serait prête à défaire les mesures déjà prises et de se mettre en position compétitive inférieure v.-à-v. ses concurrents, qui profiteraient, eux, des crédits d’impôts.

Donc, quoiqu’en apparence moins coercitive que le cadre législatif actuel, si l’on réfléchisse au fonctionnement du capitalisme, et le parcours déjà fait pour protéger la langue française, la dynamique d’un système de crédits d’impôts, à l’heure actuelle (contrairement aux années 1970, 1980 etc.) atteindrait mieux et autant les fins de protection et de promotion de la langue française. Mais le fait que ce soit par le biais de crédits d’impôts, et non par amendes, changerait entièrement la perspective des anglophones, allophones et libertariens. Chacun aurait le droit de refuser de profiter des crédits d’impôts, mais excessivement rares seraient ceux qui s’auto-puniraient en le faisant.

Il faudrait quand même établir un minimum de services obligatoirement offerts en français, à un niveau qui serait jugé légitime par les différents communautés linguistiques. Je proposerai qu’une version renforcée du standard fédéral soit adoptée, soit que la langue française doit être présente dans toute interaction, en priorité. C’est à dire que toute communication, écrite comme orale, doit commencer par le français, et que le français doit être prééminente s’il y a plus qu’une langue employée : on répondrait au téléphone en français d’abord, sur les affiches le français viendrait en premier, ou serait en haut, etc.. Les crédits d’impôt inciteraient les entreprises à maintenir et à renforcer leurs pratiques jusqi’ici. Une entreprise, comme plusieurs le font déjà, pouurait très bien n’offrir ses services qu’uniquement en français, avec tous les avantages fiscaux que cela implique.

Or, les entreprises qui sont les plus récalcitrantes aux contraintes linguistiques actuelles sont maintenues par des anglophones ou autres. Ce groupe, qui refuse d’obéir à la loi telle que rédigée, serait plus apte à accroître les services en français s’ils se sentent moins aliénés, ce qu’un système de crédits d’impôts, avec une base minimale de services offerts en français rendrait possible.

Les mêmes principes pourraient s’appliquer à toute autre situation linguistique conflictuelle, éventuellement, comme dans le domaine de l’éducation.

« L’amour, c’est deux solitudes qui se protègent, qui s’éprouvent et s’accueillent l’une l’autre. » « der Liebe, die darin besteht, daß zwei Einsamkeiten einander schützen, grenzen und grüßen. » – Rainer Maria Rilke

(Billet commencé le 20 août 2012)

In praise of Jack Layton

When Jack Layton fell sick and later,  passed away, I was quite circumspect because much of my writing on him had been critical (given I had higher expectations for him than many others), and I thought it would be wrong – I know it would bother me – to have one of my apparent critics turn around and start praising me when I fell sick (not against it, just understanding the dynamic). I knew that any who took an interest and knew how to read me would know how much I cared about the NDP and his leadership. Whence my passion for the subject – this blog is called “Eugene Forsey Liberal”, after all. I’ve noted before that having grown up in the CCF-NDP tradition, I have higher expectations for the NDP than others, and it gives me fits, unlike the others – I’m a Liberal now.

Tonight, on the anniversary, I just want to note his closing words, like so many before me. It is the simplest and least obtrusive way to pay tribute to a man I admired so much that he drove me to fits of irritation, given my expectations for him. I know the timing may seem blockheaded to some. But it is not. I never wrote much at the time, out of, in my logic, respect. So, for Mr. Layton, in genuine respect:

“My friends, love is better than anger. Hope is better than fear. Optimism is better than despair. So let us be loving, hopeful and optimistic. And we’ll change the world.”

Digital coordination – A simple idea for helping service providers to the poor

The past while has been an unusual time for me, and as I believe one should collaborate with things that are wrong as little as possible, this period has affected my behaviour in every way. As a result of trying not to collaborate, I have chosen to blog as little as possible on public policy issues. But there is one idea I had that has nagged at me, that I feel I should share, even under current circumstances, because it could do some good.

The question of how to deal with poverty is a large one, and a total revamp of how we do so in Canada is in order. There is a debate to be had about minimum income/negative income tax or mor,e better funded, more targetted income supports, as well as just how paternalistic the State is allowed to be, given the needs of some, v.-à-v. the individual’s right to liberty and autonomy. I shall leave these debates aside for the moment, and my views on them, and simply introduce an idea I think could be helpful in the meantime.

In Vancouver, as in Toronto, there are multiple services and service-providers for the poor, many constituted as a result of path-dependency: someone, at some time, started offering services from a church, or some establishment, and over time the service-provision became ingrained, and gained volunteers, etc.. However, as a result of so many services being offered by so many different providers, often in close geographical proximity, there is frequently an overlap in services, and thus very sub-optimal use of resources and services targeted at the same clientele. For example, Institution A offers free haircuts at the same time of the week as Institution B, when they are both five minutes from each other (I pick free haircuts as a typical service, it could be anything, food services, etc.). In part this is due to the largely volunteer nature of organisations, and if by coincidence the barbers come at the same time to both institutions, then that’s all they can do. But I have researched this matter, in both Vancouver and Toronto (the best social research is always bottom-up), and most often this duplication/sub-optimal use of resources is the result of inferior information-sharing, or networks. If the institutions knew what one another was doing, they could better coordinate services, and help more people, better.

The information systems in use in these institutions are typically memory, verbal communication, and written notes, whether posted on bulletin boards, or handed out. Given the nature of the staff, turnover, and lack of communication between institutions, is follows that the information provided is often faulty, if not altogether absent (I could provide various examples, but the hair cut example was one where I was provided with a list of free haircuts, which, upon verification, proved largely wrong).

It should be possible, for relatively little money and resources, to install a system of digital bulletin boards, and a shared database of services, accessible for update by all the administrators of the different institutions through a simple web-based email type system, easy enough to use for anyone who can use gmail, or yahoo mail, etc..

If such a system were in place, in, say, Vancouver, then resources could be allocated more efficiently by the administrators themselves, improving services for all through reduction in overlap/duplication/etc.. The same amount of resources could be stretched to serve more, better.

This is no great solution to the problems of the poor in Canada. But it may be of some significant help to the urban poor, while we wait for more general reforms.

It may well be that such a system has already been implemented somewhere in Canada, but I do not know of it, and am happy to be corrected. I would expect such a system has been implemented somewhere in the USA in one of their many pilot projects, or elsewhere in the world (Finland?).

I would suggest that Vancouver would be an ideal place for a pilot project in Canada, given the number of poverty-service institutions in close proximity downtown, the nearby SFU campuses (notably their Masters in Public Policy program), the computer science programs at SFU and UBC, and the general infrastructure that exists. I would imagine a situation in which the digitisation is a joint project of MPP students and professors, with the computer science departments, and associated others, and they get companies to donate the hardware (cheap for them) in return for public credit.Make sure the administrators all have smart phones through which they can update the web-based database, whose information is then instantaneously updated and available on digital bulletin boards across all the institutions, and which can be printed out through use of some dependable printing medium (like ATM technology?). The printing aspect may prove the most tricky, as the poor rarely have smart phones themselves, and depend on written notes. Administrators could write out information themselves, but that would defeat the efficiency objective. The urban poor need to be able to have written notes on their person, so it would be necessary to choose some dependable, easily repairable printing technology that would permit them to obtain paper copies of the information they need.

All these details can be worked out by the working group that develops the idea, but the essential idea is clear: use computer, or digital technology to reduce information asymmetries among institutions that serve the urban poor so as to improve services.

I throw this idea out there, despite current circumstances, since I think it could do some real good. I am sure such a system exists somewhere already, and I will research this further, but I think it is useful to draw people’s attention to a simple yet significant matter in the lives of many, and a possible solution, should it not have occurred to all (I found no-one in poverty-services had thought of it, anecdotally).